LĂ©aPaulikĂ©vitch, la mĂ©moire est la sentinelle de l’esprit* 28 Avr, 2022 Ă  17:51. Tania Hadjithomas Mehanna 28 Avr, 2022. DerniĂšres infos. Dossier nuclĂ©aire: l’Iran dit qu’il examine toujours le " texte final " soumis par l’UE 8 AoĂ»t, 2022; Les Etats-Unis veulent un " vĂ©ritable partenariat " avec l’Afrique (Blinken) 8 AoĂ»t, 2022; Maroc: avis favorable de la justice - "La mĂ©moire est la sentinelle de l'esprit". #Ă©tudiant #Ă©tudes#paces #medecine #droit #prepa #bac#concours#mĂ©moire #apprendre #revisions #cours #examen #rĂ©ussite ConfidentialitĂ© Uncommentaire pour La mĂ©moire : la sentinelle de l’esprit. « William Shakespeare ». geraldine dit : 9 juin 2017 Ă  7 07 16 06166. belle envolĂ©e 1942 mais lĂ  encore vous n’obtiendrez rien du tout. La trĂšs grande majoritĂ© de vos conseillers n’étaient « pas nĂ©s » Ă  l’époque. Une excuse qui fait le tour de tout Dijon, je suis bien triste de voir Messigny et LamĂ©moire est la sentinelle de l'esprit. William Shakespeare. PublicitĂ© . Une table ronde enregistrĂ©e en dĂ©cembre 2018. Sophie Blanchet, maĂźtresse de confĂ©rences, Laboratoire MĂ©moire et Cognition, Institut de psychologie, UniversitĂ© Paris-Descartes-Inserm. MichaĂ«l Foessel, philosophe, maĂźtre de confĂ©rences, UniversitĂ© de Bourgogn. Henry Rousso, Toutevie est un roman, ne laisser pas s'envoler vos souvenirs. VoilĂ  quelques raisons, parmi beaucoup d'autres, pour passer de l'idĂ©e Ă  l'acte, de mettre noir sur blanc tout ce que vous portez, en rĂ©alisant le livre de votre vie pour la postĂ©ritĂ©. Vay Tiền Nhanh Chỉ Cáș§n Cmnd. ï»żIl est venu me chercher dans une cour qui n’est pas la mienne. C’est lĂ  qu’on nous rassemble dans ces cas-lĂ , quand ils appellent les parents pour qu’ils viennent. C’est dans cette petite cour que les enfants se mettent Ă  pleurer et Ă  sangloter en chƓur. » La scĂšne liminaire des Mauvaises Herbes se passe Ă  Beyrouth, en 1983, et elle fait rĂ©fĂ©rence Ă  des souvenirs partagĂ©s par de nombreuses personnes qui ont grandi dans ces annĂ©es-lĂ  les bombardements, l’interruption des cours, et le retour chaotique et prĂ©cipitĂ© Ă  la maison, pour se mettre Ă  l’abri. D’aucuns pourraient se dire que ce n’est pas le moment de revivre par la lecture une pĂ©riode aussi anxiogĂšne, alors que Beyrouth vient de vivre l’un des plus atroces chapitres de son histoire, et qu’elle sombre Ă  nouveau dans le chaos, mais ce serait une erreur de croire que le premier rĂ©cit de Dima Abdallah est un roman sur la guerre. Il s’agit avant tout d’une histoire d’amour entre une petite fille et son pĂšre, qui partagent la mĂȘme sensibilitĂ©, la mĂȘme fragilitĂ© et le mĂȘme ses douze ans, l’hĂ©roĂŻne habite Ă  Beyrouth avec sa famille, qui est contrainte de dĂ©mĂ©nager rĂ©guliĂšrement pour fuir les affrontements armĂ©s des diffĂ©rentes factions. Finalement, la mĂšre et ses deux enfants dĂ©cident de s’installer en France, laissant derriĂšre eux un pĂšre inconsolable. Pour le personnage principal, l’exil avait commencĂ© bien auparavant, et son errance se poursuit Ă  Paris, oĂč elle devra affronter une mĂ©moire qui assiĂšge son prĂ©sent, dans lequel elle va essayer de s’ancrer malgrĂ© la mĂ©moire et l’oubli Ce rĂ©cit a vraiment poussĂ© comme des mauvaises herbes, avec beaucoup de spontanĂ©itĂ©, et puis je me suis retrouvĂ©e avec un roman entre les mains, mĂȘme si l’histoire s’inspire de ce que j’ai vĂ©cu. J’ai toujours Ă©crit, mais cette fois, j’ai fait lire mon texte Ă  quelques personnes, qui m’ont encouragĂ©e Ă  le partager. J’ai eu envie que ces Ă©crits rencontrent des lecteurs. Enfant, j’écrivais en arabe, mais le français s’est trĂšs vite imposĂ© comme langue d’écriture ; je n’ai pas abandonnĂ© l’arabe pour autant, et il y a quelques annĂ©es, je faisais encore des traductions de poĂšmes et de textes courts », prĂ©cise l’auteure, qui est la fille de deux Ă©crivains, la romanciĂšre Hoda Barakat, et le poĂšte Mohamed Abdallah. Ce sont deux personnes trĂšs libres, avec tout ce que cela peut comporter comme souffrance. Ils ont fait un mariage mixte, et m’ont transmis l’amour de la lecture et de l’écriture. Mon roman peut se lire comme une dĂ©claration d’amour de mon personnage Ă  son pĂšre, et comme une confidence elle lui confie qui elle est », ajoute celle qui relate un exil bien antĂ©rieur au dĂ©part du pays natal, une solitude intrinsĂšque Ă  son ĂȘtre, qui est renforcĂ©e par le fait que ses parents n’appartiennent Ă  aucun parti politique. Le couple est athĂ©e, et de ce fait, elle ne peut pas ĂȘtre cataloguĂ©e comme chrĂ©tienne ou musulmane, lorsqu’elle est avec ses camarades. Sur l’échiquier social, elle n’existe pas. Ma boule au ventre et moi, on se tiendra compagnie. On s’est habituĂ©es l’une Ă  l’autre. Elle se rĂ©veille avec moi chaque matin et s’endort avec moi chaque soir », constate-t-elle dans le rĂ©cit, tout en regardant son pĂšre noircir ses feuillets sur un coin de table. La poĂ©sie, c’est peut-ĂȘtre ce qu’on Ă©crit quand on n’arrive pas Ă  pleurer comme les autres », en roman semble construit sur une dialectique entre l’ancrage et l’arrachement, entre la mĂ©moire et l’oubli. Le pĂšre et la fille cherchent Ă  oublier leurs mauvais souvenirs, mais ils rĂ©apparaissent sans cesse. La mĂ©moire est cette sentinelle de l’esprit qui ne les lĂąche pas ; cette lutte est un Ă©lĂ©ment de connexion entre eux. Comme beaucoup de Libanais pendant la guerre, ils ont eu recours Ă  une forme de dĂ©ni ; dans le roman, je l’ai formulĂ© et questionnĂ©. La seconde partie du livre est trĂšs diffĂ©rente, le rythme y est plus lent, et l’expression beaucoup plus narrative. On n’est plus dans l’urgence du danger, mais dans le champ de ruines de l’aprĂšs-guerre et de ses traumatismes », explique Dima Abdallah dont le roman a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© pour le prix Stanislas, le prix PremiĂšre Plume et pour le prix EnvoyĂ© par la Poste » 2020. Écrire est une maniĂšre de ne pas plier Ă  l’absurde » Dans cette grande fable de la solitude et de l’impossible ancrage, les plantes sont un vecteur insolite du lien entre le pĂšre et sa fille. Ce fil botanique Ă  travers le roman, c’est une maniĂšre de se parler sans Ă©voquer le reste, pour dire l’amour qu’ils se portent, et la poĂ©sie de la vie qu’ils partagent. Lorsque mon personnage dĂ©cide finalement de s’installer Ă  Paris Ă  l’issue de plusieurs annĂ©es d’errance, les plantes de son balcon reprĂ©sentent cette sĂ©dentaritĂ© qu’elle n’a jamais eue. Son pĂšre a cherchĂ© en permanence Ă  recrĂ©er un coin de verdure sur leur balcon de Beyrouth, en rĂ©fĂ©rence au potager de sa propre mĂšre, sorte de paradis perdu qu’il associait Ă  la paix. Mes deux personnages sont inadaptĂ©s au monde qui les entoure ; dans un autre contexte, ils auraient Ă©galement Ă©tĂ© un peu marginaux et exilĂ©s. Si quitter le Liban est douloureux pour la petite fille, le dĂ©calage qu’elle peut ressentir est avant tout liĂ© Ă  sa personnalitĂ© », poursuit la romanciĂšre, qui tisse le lien de ses deux personnages au fil de la narration, jusqu’à la disparition dĂ©finitive du pĂšre. Dans ce livre, ils se disent beaucoup de choses par chapitres interposĂ©s ; dans le dernier, elle s’adresse directement Ă  lui parce qu’il est mort, et qu’elle n’a plus peur de le perdre. Leur lien se construit dans les mots, et l’image de Sisyphe est rĂ©currente dans le roman Ă©crire est une maniĂšre de ne pas plier Ă  l’absurde, c’est une rĂ©volte formulĂ©e et assumĂ©e. Lorsque mon hĂ©roĂŻne devient mĂšre Ă  son tour, elle se rend compte que son enfance n’a pas Ă©tĂ© normale, et en mĂȘme temps, il y a une forme de transmission une continuitĂ© s’esquisse dans le fait de considĂ©rer son enfant comme sa mĂ©moire », prĂ©cise celle qui a nommĂ© son roman en rĂ©fĂ©rence Ă  la notion de singularitĂ©, que revendique le pĂšre, pour lui et pour sa fille. J’espĂšre qu’elle grandira comme poussent les adventices. Ces hĂŽtes de lieux incongrus, ces hĂŽtes que personne n’a invitĂ©s, que personne n’a voulus, qui dĂ©rangent mais s’en moquent bien, et qui n’en finissent pas de pousser. 
 Les plantes pudiques, celles qui ne cherchent pas Ă  se faire bien voir, celles dont le charme est si subtil qu’il en est un peu le secret. » Un des derniers poĂšmes de Mohamed Abdallah, traduit de l’arabe par la romanciĂšre, clĂŽture le rĂ©cit, et propose une scansion onirique au cheminement de ces deux solitudes. LĂ -haut, au plus loin, au plus profond Dans un espace frais et propreJe me baigne encore et encore sous la pluieJe me couvre des voiles transparents du crĂ©pusculeUne Ă©toile pour moiM’appelle, une lumiĂšre qui perce l’espaceM’invite Ă  voler... » Il est venu me chercher dans une cour qui n’est pas la mienne. C’est lĂ  qu’on nous rassemble dans ces cas-lĂ , quand ils appellent les parents pour qu’ils viennent. C’est dans cette petite cour que les enfants se mettent Ă  pleurer et Ă  sangloter en chƓur. » La scĂšne liminaire des Mauvaises Herbes se passe Ă  Beyrouth, en 1983, et elle fait rĂ©fĂ©rence Ă  des... La mĂ©moire ne nous servirait Ă  rien si elle fĂ»t rigoureusement fidĂšle. Les pense-bĂȘtes sont les porte-clĂ©s de la mĂ©moire. Les PensĂ©es, Ă©d. Le Cherche midi La mĂ©moire c’est du souvenir en conserve. Les pensĂ©es, Ă©d. Le Cherche midi Rien n'est plus agaçant que de ne pas se rappeler ce dont on ne parvient pas Ă  se souvenir et rien n'est plus Ă©nervant que de se souvenir de ce qu'on voudrait parvenir Ă  oublier. La mĂ©moire a pour but de triompher de l'absence et c'est cette lutte contre l'absence qui caractĂ©rise la mĂ©moire. L'Ă©volution de la mĂ©moire et de la notion de temps La mĂ©moire est une rĂ©action sociale dans la condition d'absence. En rĂ©alitĂ©, l'acte de mĂ©moire est une invention humaine, comme tous ces actes que nous considĂ©rons comme des tendances banales et dont nous faisons le fond de notre vie, alors qu'ils ont Ă©tĂ© construits peu Ă  peu, par des hommes de gĂ©nie. L'Ă©volution de la mĂ©moire et de la notion de temps La mĂ©moire est toujours aux ordres du cƓur. Les mĂ©thodes sont les habitudes de l'esprit et les Ă©conomies de la mĂ©moire. [...] il y a des instants qui ont de la mĂ©moire. L'Ă©phĂ©mĂšre vit d'Ă©clairs et je ne demande pas au bonheur une rente. Clair de femme, Ă©d. Gallimard La mĂ©moire est l'art de conjuguer le souvenir et l'oubli VoilĂ  pourquoi nous disons, retenir par cƓur ; car ce qui touche le cƓur se grave dans la mĂ©moire. La mĂ©moire est la sentinelle de l'esprit. La mĂ©moire diminue Ă  moins qu'on ne l'exerce. [...] se souvenir, c'est aussi inventer. La mĂ©moire est l'art magique de la composition. Variations sauvages, Ă©d. Robert Laffont [...] la mĂ©moire et l'imagination sont toutes les deux une nĂ©gation du temps. Partis pris S’il est vrai que la mĂ©moire est la sentinelle de l’esprit, le champ oĂč l’expĂ©rience dĂ©pose les germes de la sagesse, alors pourquoi ne pas se souvenir ? Pourquoi vivre avec une mĂ©moire amputĂ©e qui tait la voix de nos illustres prĂ©dĂ©cesseurs ? Tel est le grand malheur de nombre de sociĂ©tĂ©s africaines. Ces douces sonoritĂ©s poĂ©tiques rendent hommage aux rĂ©sistants de la premiĂšre heure, ceux-lĂ  mĂȘme qui, par amour pour leur peuple ont su dire non tout en restant debout, dignes et fiers. Cette plaquette de poĂšmes rĂ©sonne comme un vibrant son de cloche pour l’éveil des consciences encore endormies afin que jamais la mĂ©moire de nos hĂ©ros ne sombre dans les mĂ©andres de l’oubli. RĂ©fĂ©rence En stock 3 Produits RĂ©fĂ©rences spĂ©cifiques La collection La Sentinelle des Editions La Contre-allĂ©e abrite des textes oĂč la mĂ©moire collective croise la mĂ©moire familiale. Ces vies-lĂ  d’Alfons Cervera, traduit de l’espagnol par Georges Tyras qui lui est fidĂšle depuis ses premiers livres Ă  La Fosse aux ours, retrace la relation de l’auteur Ă  sa mĂšre, dans ses derniers jours. Texte sensible qui s’ouvre sur ces mots Cela fait deux dimanches que ma mĂšre est morte ». Dans une langue puissante, faite de rĂ©pĂ©titions volontaires comme autant d’aller-retour dans la mĂ©moire, dĂ©barrassĂ©e de fioritures, le narrateur remonte le fil de sa mĂ©moire, refait l’histoire de sa mĂšre, la sienne, celle de ses origines. Se croisent allĂšgrement comme toujours chez Cervera les rĂ©fĂ©rences littĂ©raires qui l’ont construit, son rapport Ă  l’écriture et aux livres. Il est frappant, Ă  ce propos, de noter le nombre important de citations sur la premiĂšre page et tout au long du texte, comme autant d’occurrences renvoyant Ă  l’admiration qu’il porte Ă  chacun de ces prestigieux auteurs. MĂȘme s’il en convient, dans une vie, lorsque le mal se fait tenace, il oblige aux silences, et citant Francesco Ayala qui dit que la biographie d’un Ă©crivain, ce sont ses Ă©crits. Mieux encore ses silences». Ecrire le silence donc
 C’est ce que nous retiendrons aprĂšs notre lecture de ce magnifique texte. TombĂ©e dans l’escalier un an auparavant, elle n’en finissait pas de mourir
 mais elle Ă©tait en train de mourir, de peur. Juste de peur »  De cette peur panique de mourir. Sa mĂšre, repliĂ©e sur elle-mĂȘme, demandant Ă  la mort de venir, lui fait penser Ă  ces vers d’Anna Akhmatova Si tu dois venir, pourquoi pas maintenant ». Anna Akhmatova, rajoute-t-il un peu plus bas, qui a Ă©crit un livre qui s’intituleRequiem
 Si je te dis que la poĂ©sie, presque toute la poĂ©sie, parle de la mort, tu diras que je suis fou». Cette mĂšre qui ne sait pas mourir, qui continue Ă  s’accrocher Ă  sa peur pour retarder le moment, il ne sait pas vraiment pourquoi il la hait, si ce n’est Ă  cause de son dĂ©faut de tendresse, mais surtout de son obstination Ă  rester silencieuse. Il n’existait plus qu’elle et sa douleur. Je le lui ai dit un soir Tu n’as jamais eu un mot de tendresse pour qui que ce soit ». Et lĂ  au seuil de la mort, elle continue dans cet Ă©goĂŻsme. Il la supplie pour son frĂšre et lui, d’avoir un geste tendre. Je lui criais ma haine Ă  laquelle me poussait cette vocation obscĂšne, concrĂšte ou non, je l’ignorais, mais oui sans doute, Ă  faire du mal aux personnes de son entourage. Parfois elle demandait pardon ». La peur, le silence et la haine, trois abstractions qui ont envahi la mĂšre toute sa vie durant et pas seulement les derniers jours. La haine peut ĂȘtre la mĂ©taphore de la mort. Mais ce n’est pas la mort. Toi tu Ă©tais lĂ . C’est ce que je rappellerais Ă  ma mĂšre si elle vivait encore – incarnation d’un orgueil despotique aux yeux rivĂ©s sur le sol ». Une forme de survie. Etre dĂ©jĂ  morte parmi les vivants, “Il n’est pas de langage sans mĂ©taphore, la mort est la mĂ©taphore du nĂ©ant” Ă©crit Manuel Vasquez Montalban ». Sa mĂšre prend son temps pour mourir et lui, il refait le chemin, se souvient de l’enfance avec son frĂšre, de sa mĂšre leur confectionnant ces gĂąteaux le brazo di gitano » qu’elle ne goĂ»tait jamais. C’était juste pour eux
 L’agonie lente de cette mĂšre aux prises avec sa peur, et son dĂ©sir de mourir mĂȘme chose est obsĂ©dante, lancinante. Son frĂšre qu’il essaie de protĂ©ger contre la peur de sa mĂšre a peur lui aussi, mais cette peur l’aide Ă  chasser l’idĂ©e de la mort. C’était lui qui allait mourir et il ne voulait pas mourir». Un frĂšre sourd, enfermĂ© dans ses rĂȘves et ses dessins, fuyant lui aussi le monde. Elle faisait du mal et elle n’ignorait pas que le mal s’installait Ă  demeure dans l’air de plus en plus rarĂ©fiĂ© de la maison. Nous mourrons tous. VoilĂ . » La surditĂ©, c’est une marque de famille, et toujours avec ce procĂ©dĂ© rĂ©pĂ©titif reviennent les mĂȘmes obsĂ©dantes questions dont une traverse le livre, directement liĂ©e Ă  l’Histoire de l’Espagne et Ă  celle de son pĂšre pourquoi personne ne m’avait racontĂ© ce qui s’était passĂ© pour que mon pĂšre soit douze ans durant sous le coup d’une condamnation prononcĂ©e par un tribunal militaire en mille neuf cent quarante ? Je savais juste que mon pĂšre avait Ă©tĂ© caporal pendant la guerre
 Mais on ne condamne personne Ă  douze ans de prison pour avoir Ă©tĂ© caporal pendant la guerre ». Invariablement sa mĂšre s’entĂȘtera Ă  rĂ©pondre qu’il n’y a rien Ă  en dire puisqu’il n’a pas Ă©tĂ© en prison. Il n’y a rien. Rien Ă  en dire, rien Ă  en entendre. “La mort occulte les chemins de la mĂ©moire”. La mort donne un sens Ă  la vie, Ă©crivait Alejandra Pizarnick. Ta mort et ta vie Ă  toi ne donnent de sens Ă  rien du tout. Tu as dĂ©cidĂ© de devenir un vĂ©gĂ©tal emmitouflĂ© dans une liseuse de laine et de silence ». Cette liseuse bleue est un autre motif rĂ©current qui traverse le livre de maniĂšre obsĂ©dante. Il finit par la dĂ©finir, elle n’est plus qu’ un vĂ©gĂ©tal emmitouflĂ© dans une liseuse de laine et de silence ». Et si le silence avait une couleur, ce serait le bleu, le bleu de cette liseuse. Convoquant tour Ă  tour Walter Benjamin, Stendhal, Bernhard, les poĂšmes de Georg Trakl, les silences de Celan, les aphorismes de Cioran, Cortazar, Borges ou Kafka, Hölderlin, MaĂŻakovski, Saramago ou Faulkner, Pavese, Anna Akhmatova, etc
 se dessinent les contours d’une alliance avec la parole contre le silence. La mĂ©moire est faite de souvenirs et d’oubli et tu as choisi l’oubli ». Un chapitre entier dans un seul souffle le dernier ? sans ponctuation va rendre perceptible et de maniĂšre onirique, dans une extrĂȘme poĂ©sie, pĂȘle-mĂȘle, les souvenirs d’une enfance fantĂŽme enfouie, ceux d’une guerre quelle guerre puisque l’enfance nous l’apprĂźmes plus tard ignorait tout des guerres et des paix elle ne savait que se perdre ». Un long poĂšme qui s’ouvre sur ces mots Noirs nuages sur les arbousiers sauvages la pierre des glissades un caroubier qui pour moi Ă©tait Ă  jamais l’arbre du pendu vestige androgyne de calme et de violence ambigu
 » En toute fin de ce livre consacrĂ© aux derniers jours de sa mĂšre et Ă  sa peur de mourir, le lecteur comprendra que tout ce silence si long, toute cette agonie n’est que le reflet d’une question Ă  jamais recouvrĂ©e, fondĂ©e elle-mĂȘme sur la peur, cette peur qui avait figĂ© les cloisons de cette famille, une peur nĂ©e avec la RĂ©volution en marche, basĂ©e sur des silences, ceux d’une guerre dont on les avait tenus Ă©loignĂ©s j’étais terrifiĂ© par les manteaux et les chapeaux des hommes. Je n’ai jamais parlĂ© Ă  mon pĂšre de cette nuit-lĂ  ». De ce constat, l’auteur s’appuie alors encore sur les mots des autres, en l’occurrence ici ceux de Stendhal Je ne puis pas donner la rĂ©alitĂ© des faits, je n’en puis prĂ©senter que l’ombre, Ă©crit Stendhal». Marie-JosĂ©e Desvignes Ces vies-lĂ , traduit de l’espagnol par Georges Tyras, 224 pages La mĂ©moire est la sentinelle de l’esprit. Shakespeare, Macbeth, I, VII de William Shakespeare William Shakespeare Une citation de William ShakespeareproposĂ©e le samedi 20 juin 2015 Ă  222106William Shakespeare - Ses citations Citations similaires Le poĂšte, parce qu’il est porteur de libertĂ©, est l’homme, par excellence de la durĂ©e. Bien loin d’ĂȘtre personnage du rĂȘve ou de l’instant, il est celui qui embrasse la plus longue pĂ©riode de temps en lui coexistent la plus vieille mĂ©moire et l’impatience du plus lointain. ImprĂ©gnĂ© de passĂ©, il introduit tous les frissons nouveaux. Il n’est absolument moderne qu’à raison de son archaĂŻsme. Il est le temps. Utopies et civilisations, Champs Flammarion, 1978, page 43. - Gilles LapougeEh oui, monsieur, mais "le temps que l'herbe pousse"... C'est un vieux proverbe un peu moisi. Hamlet -Gallimard, Collection Folio n°1069, 1978, - William ShakespeareNi la tour de pierre, ni les murailles de bronze, ni le cachot privĂ© d'air, ni les liens de fer massif, ne peuvent assujettir la libertĂ© de l'ame. l'ame, dĂšs qu'elle est fatiguĂ©e des entraves de ce monde, ne manque jamais de pouvoir pour s'Ă©largir elle-mĂȘme. voilĂ  ce que je sais ; et dĂšs-lors, que tout l'univers sache aussi, que je puis Ă  mon grĂ© secouer de moi la part du joug que je porte. Jules CĂ©sar, I, 7, trad. Le Tourneur, 1776. - William ShakespeareLĂ  oĂč se loge le souci, le sommeil ne s'abat jamais. - William Shakespeare Votre commentaire sur cette citation.

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